Qui a tué l'abeille ?

les pratiques agricoles
Histoire
C’est au début des années 60 que l’agriculture française connaît de profondes transformations. La diminution de l’importance relative de l’agriculture s’accompagne alors d’une forte modernisation entraînant une professionnalisation du métier de paysan à agriculteur. Les superficies agricoles utilisées augmentent fortement, détruisant ainsi de nombreux habitats naturels comme les haies : les paysages s’homogénéisent. Dans le même temps, les pratiques agricoles sont bouleversées dans le but d'améliorer les performances : la monoculture s’impose progressivement, en particulier chez les céréaliers.
Atouts
Facteur de stress pour les abeilles peu médiatisé et pourtant jouant un rôle considérable dans le déclin des populations d’abeilles.
Actions destructrices
Monoculture, suppression des haies
Mode opératoire
En premier lieu, l’intensification de l’agriculture, signée par l’augmentation parcellaire des monocultures, provoque progressivement la fragmentation des habitats, l’isolement et la destruction de zones semi-naturelles et des zones de refuges pour les abeilles (jachères, haies, talus) (Dawson, 1994). Ainsi les réseaux de « corridors biologiques » entre les différentes zones d’intérêt pollinifère et mellifère peuvent être modifiés ou altérés (Richards, 2001). Ceci induit des perturbations au niveau de la colonisation de l’habitat et de l’exploitation des ressources alimentaires par des insectes pollinisateurs (Kearns et al., 1998 ; Kremen & Ricketts, 2000) et des problèmes de nutrition peuvent ainsi apparaître.
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De plus, cette diminution des ressources alimentaires de l’abeille domestique est également visible par le déclin de la biodiversité des plantes pollinifères et mellifères en milieu agricole (Richards, 2001 ; Weibull et al., 2003). Ce dernier prend sa source au niveau de la conjugaison de deux facteurs, que sont les herbicides totaux ou sélectifs et la monoculture (en particulier la culture de plantes dépourvues d'intérêt pour les abeilles telles que les céréales (Bäckman & Tiainen, 2002)).
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Enfin, les pratiques agricoles elles-mêmes peuvent également être à la base d’importantes pertes d’abeilles. Par exemple, les champs de phacélies, des trèfles blancs, sont très souvent visités par les insectes pollinisateurs notamment par l’abeille domestique. Pour les producteurs de lait, ces prairies à fleurs sont fauchées avant la fin de la floraison, causant ainsi d’importantes pertes d’abeilles.
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En conclusion, la diminution de la biodiversité, liée à l’agriculture intensive, est responsable d’un manque de disponibilité en plantes pollinifères et mellifères, de la réduction des périodes de floraison ainsi que de l’exploitation de ressources polliniques de moindre valeur nutritive : les abeilles domestiques ont besoin d’une nourriture de qualité afin d’assurer leur développement larvaire et d’optimiser leur cycle d’activité durant la saison hivernale (Somerville, 2001)(Génissel et al., 2002).
Signe distinctif
Paysages ouverts, jachères, perte de biodiversité


